Gravure : Jean Lodge

  Jean Lodge

 "Graver dans la mémoire"

Xylographie

Née dans l'Ohio, aux Etats-Unis, Jean Lodge poursuit sa formation artistique en Europe. D'abord à l’Université d’Oxford puis auprès d'Oskar Kokoschka, une des figures de l’art viennois, qui l’initie dans son école de Salzbourg à l’utilisation de la couleur séparée ( les couleurs se superposent par couche sans être mélangées). Elle continue cette recherche à l'atelier 17 avec Stanley-William Hayter, auprès de qui elle pratique la gravure.

Mais c’est finalement avec le bois qu’elle se sent une affinité ancestrale. Parce que le bois était au cœur de la vie des pionniers, ses aïeux, elle en  fait son matériau de prédilection. “Quand je grave, je ne vois que l’espace vierge qui s’offre au burin ; me projetant en avant, je  conduis mon outil vers des territoires que je n’ai jamais abordés."

Ce qui fait graver Jean Lodge, c’est également le changement d’état, la transformation, la métamorphose. “Je cherche à introduire des mutations, un peu à la manière du têtard qui devient grenouille, ou de la chenille qui devient cocon puis papillon.… J’ai besoin en permanence de régénérer le trait et les formes que je crée pour qu’ils traduisent au plus près une nécessité intérieure.“

Cette métamorphose se traduit dans ses gravures par un glissement progressif entre ses figures, qu’elles soient réelles, fictives ou travesties. Elle représente essentiellement des figures archétypales de femmes appartenant à l’histoire ou aux mythes. Elle s’autorise à mélanger les histoires, en les superposant. En général elle grave plusieurs planches pour faire un portrait, une par couleur, et souvent la tentation est grande d’intervertir une planche avec celle d’une autre composition, juste pour voir, ou pour défricher un nouveau territoire.

Chez Jean, il n’y a de conquête que celle de la connaissance de soi, celle de sa propre histoire. Dans ses nombreux autoportraits, elle se penche sur le bois pour décrypter quel visage se cache derrière les fibres de la planche : qui est cette femme qui inlassablement la regarde graver et d’où vient-elle vraiment ?

Sa quête de l’origine et du voyage migratoire l'amène à observer, dans le cadre d’une mission scientifique, la migration massive des papillons Grands Monarques, qui se déplacent entre le Mexique et le Canada pour un périple de plus de 4000 Km. Jean s’ empare de cette incroyable manifestation de la fragilité de la vie pour nous exhorter à la respecter davantage, en superposant dans ses gravures les trois états du monde vivant : le végétal, la vie animale (dans ce qu’elle a de plus fragile, le papillon), et l’humain... qui n’a de cesse de perturber cet équilibre précaire.

Dans la grande forêt originelle où poussent les planches qu’elle grave, Jean écarte, de ses gouges et canifs, ce qui est superflu, en libérant le bois de toutes scories, afin de nous montrer la longue route, qu’inconscient l’homme a parcourue.

Jean Lodge
18, rue Ernest Cresson 75014 Paris
07 83 13 34 87
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.